Dimensions éthiques du débat sur les organismes génétiquement modifiés statuts, impacts et limites d’une nouvelle biotechnologie

Philippe Goujon

Resumen


As Hans Jonas states in his book Le principe de responsabilité, “A definitively unchained Prometheus, to whom science grants forces previously unheard of, and an economy with an unrestrained impetus, call for an ethics that imposes freely accepted restraints and prevents man from becoming a curse for himself.” (Hans Jonas, Le principe de responsabilité: une éthique pour la civilisation technologique, E. Du Cerf, Paris, 1990, 1a., preface.) The making of genetically modified organisms (GMOs) is but one result of such unrestrained process of submission of nature, fruit of the pursuits of those modern-day Promethei that are the researcher, the scientist, the engineer and the technician.

More active than ever, this Prometheus must encounter resistance not only from things, matter or nature, but also from men, institutions, society. The revolution of transgenic products is already under way, and arouses passion and controversy. It is a problem that touches the most intimate of our daily life, since it concerns our food, our health and that of our close kin. It is also a true social problem conditioning tomorrow’s lifestyles and, hence, the future of our children and grandchildren.

Although it does not aim to deprecate science and technics, and keeping in mind that the essence of technics is not at all technical, the aim of this paper is making questions, taking into account the potentials and risks of GMOs, how complex the problem regarding the status of the biotechnology is, and its ethical dimensions.

Technical choices always have weighty consequences, and it is more important than ever to find the interdisciplinary ways of a civic science and technics, within a true scientific democracy, genuinely at the service of tomorrow’s men and society, which contributes to the development of the human condition’s potentials.

Living a human life is not restricted to living biologically. It is, besides and above all, living for something. We cannot keep from asking ourselves about the status of these new technological beings and of the techniques presiding their birth as long as we believe that reason and language are products of social and cultural life. “The instinct of knowledge is dominated by imagination within the people’s civilization... Every fecundity and every motor force are held in these glimpses of the future” (Friedrich Nietzsche, Le livre du philosophe).

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Referencias


Monsanto a ainsi lancé un programme mondial de bioprospection gigantesquerisquant d’aboutir à l’appropriation du biocapital de la planète.

Novartis se retrouve ainsi au premier rang mondial des sociétés agrochimiques, au deuxième rang des producteurs de semences, au troisième rang des entreprises pharmaceutiques et au quatrième rang des sociétés pharmaceutiques vétérinaires.

Soulignons que les OGM ne sont pas à venir. Ils ont déjà envahi le marché etse trouvent déjà dans l’alimentation humaine et animale. En 1998, 60% du soja américain était déjà transgénique. La totalité le sera vraisemblablement au début du nouveau millénaire, 23 types de plantes transgéniques ont reçu des autorisations de cultures. Soulignons que 45% des exportations de soja américain vont vers l’Europe.

Ce qu’il faut remarquer va dans le sens de l’idéologie réductionniste dominante.

L’agence de détectives privés Pinkerton a traditionnellement fourni des supplétifs au patronat pour briser les syndicats et organiser des provocations.

Pour éviter un procès ruineux, plus d’une centaine de fermiers ont dû accepterde détruire leur culture, de verser une indemnité et de donner aux agents de Monsanto le droit d’inspecter leurs comptes et leur exploitation pendant des années.

Contrairement à ce que l’on croit, ce système de protection qui interdit à laplante d’avoir une descendance n’a pas été mis au point dans un laboratoire privé, mais dans ceux du Ministère Américain de l’Agriculture (USDA) en collaboration avec l’entreprise Delta & Pine Land, puis a été racheté par Monsanto. Le plus grave, c’est que les grandes firmes semencières et agrochimiques (Novartis, Astra-Zeneca, Pioneer Hi-Breed, Rhône-Poulenc, Du Pont) s’activent pour mettre au point leur propre technique de stérilisation. Rappelons briévement ce qu’est « terminator » : on utilise un gène codant une toxine végétale comme la barnase ou la protéine inhibitrice des ribosomes, donc létal, que l’on place sous le contrôle d’un promoteur agissant lors de l’embryogenèse. Si l’on imprègne de tétracycline des semences ainsi transformées avant de les commercialiser, elles donneront naissances à des plantes normales, mais dont les graines se « suicideront » au moment de l’embryogenèse.

C’est cette agence qui baptisa la méthode de « stérilisation terminator ».

En novembre 1998 cette assemblée adoptait une résolution (A/RES/53/190) appelant les gouvernements et les parties signataires de la Convention sur la Biodiversité à étudier ces technologies pour « prévenir les possibles effets néfastes sur la conservation et l’usage durable de la diversité biologique, qui pourraient avoir un impact durable sur les fermiers et les communautés locales ».

Le SBSTTA est l’organe de Conseil Scientifique de la Convention sur laBiodiversité (CBD)

Le CGIAR a pris position le 30 octobre 1998 : il a décidé que « les CentresInternationaux de Recherches Agricole [...] qui sélectionnent de nouvelles variétés de plantes cultivables pour les agriculteurs pauvres, n’incorporeront pas de systèmes génétiques de stérilisation des semences dans leurs variétés.

Après « terminator », Monsanto et certains de ces concurrents, en particulierAstra-Zeneca ont développé une nouvelle génération de techniques plus souples, où la stérilité est conditionnelle. Il suffit pour restaurer la fertilité des plantes, de leur appliquer un produit chimique déterminée et utilisable en champs. Plus généralement les agrochimistes les plus importants déposent depuis 1994 des brevets portant sur la manière de placer l’expression d’un gène déterminé (et cloné) sous le contrôle d’un agent physico-chimique extérieur.

Dans la plupart des pays, l’érosion génétique est déjà très avancée. Les USAproduisent 75% du soja mondial et cette monoculture descend intégralement de six plantes importées de Chine. Une ONG, la Rural Advancement Foundation International, signale que de toutes les variétés de 75 types de légumes cultivés aux USA, 97% ont disparu en moins de 80 ans. D’après le RAFI, 6121 des 7098 de pommes cultivées aux USA ont disparu soit 86.2%. Sur les 2683 variétés de poires connues au siècle dernier, seuls 329 subsistent encore, soit un taux d’extinction de 87.77%. Ces chiffres désespérant se répètent pour toutes les cultures alimentaires. On peut estimer que la diffusion des pratiques culturales modernes est en train de détruire rapidement les ressources génétiques sur lesquelles elles reposent. Les biotechnologies agricoles ne font qu’intensifier la pratique de la monoculture, tout comme la révolution verte, il y a plus de trente ans. Leur objectif est la création de variétés dites supérieures que l’on plantera sous forme de monoculture dans toutes les régions agricoles du monde, processus accéléré par la monopolisation du domaine des biotechnologies par les entreprises chimiques et agro-industrielles. Cet appauvrissement du germoplasme agricole s’accélère encore en raison de l’adoption de méthodes de reproduction plus perfectionnées, dont le clonage et la culture tissulaire. Une autre menace concerne la pénurie de munitions génétiques. Comme le souligne Flowler Cary et Mooney Patrick R., « Obnubilés par la recherche du gène unique conférant la résistance désirée, nous oublions le complexe de gènes, c’est-à-dire l’ensemble des gènes capables de fournir une résistance stable à une variété cultivée — quand nous ne le vouons pas à la destruction, alors qu’il « représente tout le travail de sélection du végétal accompli par la nature au fil des millénaires » [...] L’extinction des ressources génétiques et végétales et la dilapidation des ressources encore existantes par la sélection de résistances reposant sur un gène unique réduisent nos chances d’affronter avec succès les insectes nuisibles et les maladies » (Cary Flowler et Patrick R. Mooney, Shattering: Food Politics and the Loss of Genetic Diversity, Columbia University Press, New York, 1995). Le processus est tel qu’il sera probablement impossible de protéger les derniers centres de diversité génétique de l’empiétement croissant des cultures transgéniques.

D’autant que les agriculteurs auront d’autant plus tendance à asperger leursrécoltes de grandes quantités de produits chimiques qu’ils auront moins peur de les endommager.

On a le risque d’avoir, dans les productions alimentaires, en particulier cellesdestinées aux enfants, des dérivés de plantes à l’herbicide total alors que l’on connaît de mieux en mieux les effets neurotoxiques, des perturbations endocriniennes ainsi que les actions procancérogènes et d’empoisonneurs métaboliques des polluants environnementaux.

Des chercheurs de l’Université Charles Stuart en South New Wales, ontdécouvert que l’ivraie vivace (une mauvaise herbe répandue en Australie) était en train de développer une résistance accrue au Roundup Monsanto et supportait près de cinq fois la dose recommandée avec de succomber. Monsanto constatant ce phénomène a demandé aux autorités compétentes d’un certain nombre de pays l’autorisation de faire passer la quantité résiduelle maximale de Roundup dans les cultures de six milligrammes à vingt milligrammespar kg de poids sec...

Pratiquement toutes les cultures résistantes aux insectes nuisibles contiennent le gène d’une bactérie naturellement présente dans le sol, le Bacillus thuringiensis. Cette bactérie produit un cristal protéique nommé prototoxine Bt. Cette toxine est activée par les acides gastriques des larves et des insectes qui l’absorbent et détruit leur tube digestif. La toxine Bt naturelle est utilisée comme biopesticide par les agriculteurs biologiques du monde entier. Contrairement à la protoxine naturelle, la toxine transgénique a été modifiée de façon à être activée dès qu’elle est produite par la plante. Elle n’a donc pas besoin d’entrer en contact avec les acides gastriques et est donc plus efficace. Ce transgène demeure en outre trois fois plus longtemps toxique dans le sol. Les qualités uniques de ces plantes transgéniques résistantes aux insectes nuisibles inquiètent particulièrement les entomologistes et les agriculteurs biologiques qui craignent que l’usage généralisé de cultures Bt ne multiplie les lignées d’insectes résistants aux pesticides, ce qui rendrait le Bt inutile. Ils ont de bonnes raisons de s’inquiéter: les premiers cas de résistances au Bt ont commencé à se manifester il y a plus de dix ans. Depuis lors, huit espèces majeures d’insectes ravageurs ont développés une résistance au Bt dont le doryphore de la pomme de terre, la teigne des crucifères et l’aleurode du tabac. La crainte de voir apparaître une nouvelle génération de superparasites résistants à cause de la toxine Bt s’est vue confirmée en 1996 lorsqu’une sécheresse exceptionnelle dans le sud des USA déclencha une série de phénomènes inattendus dans les cultures de coton transgénique (coton Nu Cotn de Monsanto). Avec la sécheresse, les plants de coton réduisirent leur production de Bt, alors que le ver du cotonnier, lui, proliféra. La conjonction de diminution de la toxine Bt et de la prolifération du cotonnier fut fatale au coton de Monsanto. L’invasion de vers ravagea près de la moitié des 800 000 hectares plantés de Nu Cotn. Monsanto recommanda aux agriculteurs d’asperger les champs affectés avec des pesticides traditionnels. Les médiocres performances de la toxine Bt de Monsanto préoccupèrent de nombreux scientifiques. Même lors des essais sur le terrain, elle n’avait détruit que 80% des vers. Fred Gould, entomologue à l’Université de Caroline du Nord souligne qu’un taux de mortalité de 80% est exactement celui qu’utilisent les chercheurs lorsqu’ils veulent sélectionner des insectes résistants. Un grand nombre d’écologistes sont convaincus que la généralisation des cultures transgéniques résistantes aux herbicides et aux insectes nuisibles augmentera la probabilité d’une apparition de variétés résistantes de supermauvaises herbes et de superparasites.

Des microbiologistes, tels John Heritage, membre de l’ACNFP ou PatriceCourvalin, de l’Institut Pasteur à Paris, affirment qu’un gène blaTEM1 muté pourrait être disséminé par transfert horizontal d’ADN parmi des bactéries pathogènes où serait alors produite une pénicillinase mutante. Conséquence: l’inactivation par ces microorganismes d’antibiotiques autres que les pénicillines et les céphalosporines classiques ou leur résistance à l’action d’inhibiteurs tels que l’acide clavulanique (ACNFP, Annual Report 1998, MAFF Public, Londres, 1999. P. Courvalin, La Recherche, vol. 309, 1998, pp. 36-40.)

L’amikacine est l’antibiotique le plus utilisé dans les unités de soins intensifs,pour le traitement des infections acquises à l’hôpital. Il est également utilisé dans le traitement de la tuberculose. P. Courvalin, La Recherche, vol. 309, 1998, pp. 36-40.

En raison de la persistance avérée d’ADN adsorbé sur les particules du solaprès décomposition des plantes. Même si ce type de transfert ne dépasse pas la fréquence faible de la nature, il n’est pas exclu que des microorganismes acquièrent l’état de compétence nécessaire à la capture d’ADN exogène d’origine végétale présent librement dans le sol.

Les chercheurs ont déjà observé un certain nombre de ces recombinaisonsgénétiques. Par exemple un virus de la mosaïque du chou-fleur (CaMV) s’est recombiné à des gènes du CaMV sur un chromosome végétal d’un navet transgénique. (Rissler Jane et Mellon Margaret G., The Ecological Risks of Engineered Crops, MIT Press, Cambridge, MA 1996, p. 43). Selon Robert Havenaar et ses collègues de l’Institut de recherche en nutrition de Zeist (Pays Bas), « Les gènes de résistances aux antibiotiques peuvent passer des aliments trangéniques aux bactéries colonisant nos appareils digestifs » (New Scientist). Le maïs destiné à la consommation animale et comportant ce type de gène est singulièrement visé. On croyait ces gènes de résistances rapidement détruits par les enzymes digestives mais l’étude montre qu’ils peuvent séjourner dans le gros intestin pendant six minutes sans être dégradés. Assez longtemps pour transformer une bactérie. Dans le cas d’Enterococcus, une bactérie normalement trouvée dans l’intestin, il y a un risque sur dix millions que le transfert ait lieu. Nos appareils digestifs étant peuplés par plusieurs milliards de bactéries, le danger est loin d’être nul.

Le cas du « soja-Pioneer » est à cet égard exemplaire. La société Pioneer aproduit un soja plus riche en méthionine en y rajoutant un gène en provenance de la noix du Brésil (qui possède un puissant caractère allergène). Les premiers tests en laboratoire ont indiqué que ce soja ne présentait pas de caractère allergène particulier. Or des tests plus poussés effectués à partir de sérum sanguin de personnes présentant cette allergie ont montré que les personnes allergiques à la noix du Brésil étaient également allergiques à ce soja manipulé. Ce soja n’a jamais été commercialisé, mais la fiabilité des tests est mise en cause. Or pour la majorité des manipulations génétiques, ces tests sont les seuls faisables...

Dont l’innocuité sur l’environnement n’est pas prouvée scientifiquement.Celui-ci a une demi-vie de 60 jours dans le sol, est chimiquement stable et moins dégradé naturellement par les plantes dans lesquelles il circule relativement rapidement pour s’accumuler dans les parties en développement. On peut en trouver également dans les graines.

Aux USA, les cancers liés aux pesticides font plus de 20 000 morts par an. LeMinistère de l’Agriculture Français admet que les premières victimes des pesticides sont les agriculteurs eux-mêmes.

Le Ministère Américain de l’Agriculture consacre à peine 1% de ses budgetsde recherche en biotechnologie à l’évaluation des risques.

Snow Allison A., et Pedro Moran Palma, « Commercialization of Transgenicplants: potential Ecological Risks », Bio-Science, février 1997, p. 93.

Les partisans des essais sur le terrain affirment avec raison que des essais àgrande échelle impliquant des centaines de milliers d’hectares, des écosystèmes très différents et plusieurs saisons végétatives produiraient peut-être des résultats plus fiables, mais que si ces résultats étaient néfastes, leurs effets pourraient être irréversibles, ce qui serait contradictoire avec la logique même de l’évaluation des risques... Ce problème de la validité des essais de cultures est d’autant plus important que ceux-ci sont de plus en plus nombreux. En France, de 1986 à 1996, la Commission du génie génétique a autorisé 3 000 essais.

On peut résumer les deux types de réponses données jusqu’ici par la science.La première réponse provient d’une partie de la science où la plupart des scientifiques sont des biotechnologues, des biologistes moléculaires ou des microbiologistes. Ils ont reconnu le caractère transcientifique du problème et ont soutenu que le développement d’un protocole de test pour l’identification des risques liés aux OGM serait une tâche impossible. Cependant, en même temps, ils affirmèrent que ce serait une connaissance inadéquate puisque nous pouvons nous appuyer sur l’expérience obtenue à partir des pratiques de culture de plantes traditionnelles qui diffèrent, selon eux, très peu des pratiques d’ingénierie génétique, dans la mesure où nous connaissons exactement quel type de gènes sont introduits. Les écologistes, d’un autre côté, sous évaluèrent l’aspect transcientifique du problème en affirmant qu’ils pourraient apporter le type de connaissances nécessaires en faisant des expériences fondées sur des microcosmes et sans conduire des expériences en champs, ce qui ne semble pas non plus possible dans un futur immédiat. Ce n’est que si l’on prend pleinement en compte le caractère transcientifique du problème que l’on est à même de percevoir le dilemme politique: permettre des expériences grandeur nature peut conduire à des impacts environnementaux inconnus. Imposer trop de contraintes sur ces expériences peut entraîner le fait qu’on n’obtiendra aucune information sur le comportement des OGM. Où est la juste mesure ?

Ces références normatives dépendent (et évoluent synchroniquement) demodifications historiques dans notre perception de la nature. Ainsi, il y a quelques années, on pensait qu’un phénomène tel que le flux de gènes n’était pas un phénomène naturel (et par conséquent était considéré comme inacceptable). Depuis, il a été découvert qu’il survenait également dans la nature, ce qui a conduit à le considérer comme un impact acceptable dans le cas où les pratiques humaines généreraient un phénomène identique (si l’on prend comme référence conventionnelle d’acceptabilité la situation naturelle ellemême...) ce qui est, avouons-le, une référence bien peu précise puisque nous savons que certains événements naturels sont inacceptables : par exemple les catastrophes naturelles.

Ce qui explique qu’en matière d’OGM (au niveau international par exemple) on en sera réduit à opposer deux incertitudes l’une à l’autre; et dans bien des cas, un risque avéré que certains ne voudront pas courir sera analysé par d’autres comme acceptable.

Impliquant l’identification précise des risques, des définitions de risquesacceptables, des définitions des dangers, le calcul des probabilités d’apparition de possibles impacts environnementaux et l’objectif politique de minimiser les risques et les effets à longs termes prévisibles et d’élaborer une régulation appropriée à des risques actuels.

Avec sous-jacente à l’application de normes (conventionnelles) d’incertitudes acceptables, l’évaluation de la plausibilité d’impacts environnementaux supposés. Avec comme objectif politique, la réduction des incertitudes impliquant le problème lié à une régulation fondée et déterminée par l’application d’un principe de précaution. Avec aussi comme conséquence majeure le fait qu’une prospective d’effets à long terme ne peut pas être élaborée.

Ainsi, la Directive Européenne limite le problème à des questions scientifiques de sécurité corrélées à un modèle traditionnel et inapproprié d’évaluation des risques. Notre analyse montre qu’il est indispensable d’aller au-delà de questions de sécurité. Le glissement subreptice et non fondé d’une régulation fondée sur les risques à une régulation fondée sur des incertitudes a besoin d’une justification puisque le vocabulaire d’un modèle d’évaluation des risques est inapproprié pour une pratique habituelle...

Mise en italique du fait de l’auteur.

Mise en italique du fait de l’auteur.

Organisme chargé de mettre en oeuvre la déclaration de Londres de 1987.

Avec le problème, considéré plus haut, de leur définition.

Il y a des OGM dont on évalue certains risques et les aliments produits àpartir d’OGM mais n’en contenant pas. Dans ce cas, ceux-ci ne sont pas évalués ni même étiquetés mais seulement notifiés. Or dans de nombreux cas, ce sont là de tels produits qui sont la cible de l’industrie agroalimentaire. La situation est encore pire pour un organisme qui aura été nourri avec des OGM...

Ainsi, par exemple, elle reconnaît, à l’issue d’expérimentations, qu’un gènede résistance à un herbicide se transmet effectivement aux populations sauvages de chicorées: elle en déduit que les agriculteurs doivent être prévenus puisqu’ils ne pourront plus traiter ces chicorées sauvages avec cet herbicide mais elle ne considère pas qu’il s’agit là d’un obstacle à la mise sur le marché puisqu’il existe d’autres herbicides (décision du 20 mai 1996 JOCE du 13/07/96 n L175/25).

L’analyse coût/avantage présidant à l’acceptation d’un risque n’est querarement publiée.

Par Les Levidow, « La démocratie biotechnologisée ? », Biofutur, vol. 192, septembre 1999, p. 35.

Il faut ici distinguer fortement la morale de l’éthique. C’est de la morale quedécoule de devoir de « dire la vérité ». L’éthique, au contraire, découle d’un savoir qui se reconnaît comme invention et métaphore comme activité créatrice, qui reconnaît ses limites et qui prend conscience de l’importance du sens même du choix.

Il s’agit là de la connaissance du produit par l’acheteur dans une économiemarchande. L’objectif est la loyauté des transactions et la garantie donnée au consommateur que l’information donnée par le vendeur est honnête, exacte et complète. Cette connaissance des produits facilite l’appréciation, la comparaison et le choix des produits. Les pouvoirs publics interviennent également dans ce domaine par l’intermédiaire de la réglementation de l’étiquetage.

Les filières de production séparées avec certificats d’origines délivrés audébut de la chaîne alimentaire qui permettraient de suivre les aliments tout au long de la filière de production (avec le problème lié au secret industriel) autre leur coût devront être complètement étanches, ce qui bien entendu est impossible. Il y aura inévitablement des contaminations engendrées par les méthodes de récolte et de transport (sans parler des problèmes de contamination des cultures non transgéniques par des cultures transgéniques qui posent les problèmes dans cette optique d’une réorganisation complète de la structuration du paysage et de la responsabilité du cultivateur.

En France, des opérations privées et les pouvoirs publics ont, dès 1997,développés un ensemble de détections, en particulier au travers du réseau national de détection et d’identification des OGM et produits dérivés. Mais début 1998, une revue des consommateurs mit en exergue une discordance de résultats entre laboratoires. En dépit des progrès enregistrés, l’étiquetage des produits souffre toujours de différences de résultats entre laboratoires.

L’identification (non seulement la détection) reste nécessaire à la quantification des OGM dans les produits et au contrôle des frontières. Cependant, les séquences d’identification réellement utiles sont limitées aux « fragments de bordures » des séquences génétiques transférées, c’est-à-dire aux fragments d’ADN qui font la jonction entre le génome de la plante et le transgène. En effet, les séquences internes ne sont que momentanément utilisables en raison de leur présence éventuelle dans plusieurs OGM. Les séquences de ces fragments sont soit indisponibles (non déterminées par les firmes pétitionnaires), soit gardées confidentielles, car fournies par les firmes uniquement aux pouvoirs publics et non aux prestataires de service.

Aux USA, le secteur des assurances annonça discrètement qu’il refusait decouvrir les risques écologiques majeurs de la propagation d’OGM dans l’environnement en l’absence d’une véritable écologie prédictive.

L’évolution est tellement rapide que dans un avenir proche, le débat risquede ne pas porter sur l’étiquetage de produits OGM ou pas, mais sur différents types d’étiquetage à l’intérieur d’un marché qui sera devenu quasiment tout OGM.

François Dagognet, Le vivant, ed. Bordas, p. 189.

Par exemple, on parvient à faire produire l’huile laurique normalementextraite des noix de coco ou des palmiers par du colza transgénique. Si cette substitution voit son coût diminuer, le marché de l’huile laurique risque d’échapper aux pays d’Asie et d’Afrique.

L’idée est séduisante mais qui va se charger de la mettre en oeuvre... Il y atrois principaux types d’acteurs : les entreprises privées, le Consultive Group on International Agricultural Research (CGIAR), consortium chargé de promouvoir les transferts de technologies vers les pays en développement et qui regroupe notamment la Banque Mondiale, les agences des Nations Unies et des fondations, et enfin les instituts de recherche nationaux dans les pays en développement. Conway est convaincu que les sociétés donneront certaines de leurs technologies aux CGIAR et aux instituts de recherche locaux. Prenons l’exemple du Mexique. Monsanto a cédé trois gènes de résistance à un virus pathogène de la pomme de terre à des centres de recherche mexicains qui fabriquent les variétés transgéniques de la plante. L’idée est de segmenter le marché en fonction du niveau de richesse des fermiers. Dans le cadre de cet accord, les gènes peuvent être utilisés gratuitement par les mexicains dans les variétés de pommes de terre cultivées par les petits paysans. Mais Monsanto a gardé ses droits commerciaux concernant l’insertion des gènes dans la variété de pommes de terre cultivée à des fin commerciales par les grands exploitants mexicains. Une possibilité certainement, mais on ne peut qu’être dubitatif à l’idée que les multinationales seraient seules détentrices du pouvoir de décider les principes discriminateurs, en fonction de motivations difficiles à évaluer... Même avec ces principes que le complexe généticoindustriel régule, l’agriculture mondiale ne peut que faire frémir.


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Revista semestral editada por el Centro de Estudios Filosóficos, Políticos
y Sociales Vicente Lombardo Toledano
de la Secretaría de Educación Pública,
la Universidad Autónoma Metropolitana-Iztapalapa y Edicions UIB de la Universitat de les Illes Balears.

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